dimanche 27 mars 2016

LE MONDE À L'ENDROIT de RON RASH

                                            

 LIVRE

C'est le quatrième livre de RON RASH que je lis.Avec le même plaisir.
L'écrivain américain a cet art de nous emmener dans une histoire chaque fois très différente avec pour décor cette nature sauvage,parfois inquiétante qui imprègne les personnages de sa marque.
Travis,un jeune homme de 17 ans,après un moment de faiblesse (il a pris ce qui ne lui appartenait pas),va rencontrer Léonard,ancien prof,devenu dealer.Ce dernier l'héberge dans son mobile home. Un lien d'affection se noue,le prof incitant le jeune homme à préparer un examen d'entrée dans le supérieur.
Voici pour le pitch qui ne suffit pas à révéler la puissance poétique et humaniste de l'oeuvre.Ce sont en effet des êtres à la dérive qui se croisent,les personnages dits secondaires aussi.Les uns vils et minables,d'autres en quête de reconstruction.
Une courte incursion dans le passé,l'évocation d'un massacre qui eut lieu au 19ème siècle sur ces terres des Appalaches densifie l'histoire,car des ancêtres de Travis et Léonard s'y seraient affrontés.Un lien de plus,quelque peu trouble entre les deux protagonistes. 
Ce roman questionne nos instincts de violence,de perversité,mais dévoile aussi le potentiel de droiture et de rédemption présent en chaque être humain.

                                               
 

dimanche 20 mars 2016

STEVE JOBS de Danny BOYLE

FILM

Mais que ce film est embrouillé et bavard!!!
Ce ne sont que discussions,disputes,joutes verbales entre lui et ses associés/partenaires autant qu'avec sa première femme et sa fille Lisa dont il a eu tant de mal à reconnaître la paternité.
La tension est sans cesse palpable,surtout dans les séquences qui précèdent la présentation publique d'un nouveau produit.Le maître se bat,il se bat contre tous,mais surtout contre lui-même.C'est un Steve Jobs au caractère borné,têtu qui nous est présenté,carrément odieux par moments,condescendant aussi.Le visionnaire créateur semble mépriser ses collaborateurs,ceux qui ont participé à ses projets en apportant leur savoir-faire.
La franchise du personnage ne peut excuser les emportements,le manque de considération dont il fait preuve.
Cela étant, Michael Fassbender est l'acteur idéal pour incarner ce mythe.
L'ambiguïté du personnage,les démons qui l'habitent,la fibre paternelle qui a tant de mal à résonner,les doutes et les géniales idées du créateur,tout cela transparaît dans son jeu nuancé. 

mercredi 16 mars 2016

LES SALOPARDS DEVRONT PAYER de Emmanuel GRAND

LIVRE

Après un premier polar,Terminus Belz (Prix PolarLens 2015, Prix Tenebris 2015 au Québec) Emmanuel Grand nous revient avec un roman très réussi.

Malgré un titre discutable...,le récit fonctionne très bien,mêlant habilement un enjeu social,financier et familial.En effet,la recherche d'éventuels coupables d'un meurtre,celui de Pauline qui s'est endettée pour pouvoir fuir le pays et vivre la belle vie,va obliger les enquêteurs à se pencher sur la fermeture d'une usine du Nord de la France dans les années 80.Il va falloir aussi interroger les membres d'une famille qui aurait peut-être d'inavouables secrets à révéler.
Cette famille dont un des fils devenu docteur a perdu son jumeau adolescent dans un accident de montagne.
Cette famille dont le père,ancien militaire est devenu chef du personnel de la dite usine.
Syndicalisme,grèves,fermeture d'usines alimentent le récit,mais pas seulement car après un premier meurtre qui semblerait aisé à résoudre,s'ensuivent deux autres, notamment celui d'un recouvreur de dettes venu réclamer son dû auprès de Pauline.
Comment démêler les fils multiples de cette histoire complexe?
Un duo d'enquêteurs,un homme,Eric et une femme,Saliha y parviendra.Notamment grâce à un vrai coup de poker vers la fin.
L'histoire a pour cadre le Nord de la France, des villes comme Wollaing,Valenciennes avec une petite incursion en Belgique à Brugge et à Bruxelles.Un contexte franco belge qui n'est pas pour déplaire.
Les deux,trois premiers chapitres relatant des faits de guerre en Indochine et en Algérie dans les années 50 prendront aussi tout leur sens au fil de l'histoire.
Il faut juste accepter de ne pas en comprendre le bien fondé au début de la lecture.
 

samedi 12 mars 2016

EVEREST de Balthasar KORMAKUR

FILM

Le film est basé sur une histoire vraie,celle d'une équipe d'alpinistes pris au piège d'une effroyable tempête de neige sur l'Everest en 1996.
On sait donc qu'un drame va se jouer et que les alpinistes devront faire preuve de courage pour sauver leurs coéquipiers.On suit les préparatifs,les exercices d'acclimatation à l'oxygène,la montée étape par étape vers le sommet,puis bien sûr la débâcle et la lutte pour s'en sortir vivant.

Les images,le décor sont époustouflants et le suspense demeure jusqu'à la fin,car on ignore qui a survécu et qui est resté prisonnier de la montagne. 
Mais je reprocherais au film de jouer sur plusieurs tableaux, celui du documentaire,du récit d'aventures et l'analyse plus psychologique de personnages.Il y a un peu de tout ça,sans vraiment une dominante.D'où une impression de melting-pot.
Les personnages,eux,sont assez fades,assez caricaturaux,sans parler des 2 épouses contactées par le téléphone satellite qui jouent vraiment un rôle de figuration!!

Ceci dit,les vrais passionnés d'alpinisme,d'escalade seront conquis,car les belles valeurs du dépassement de soi,de la solidarité sont au rendez-vous.                                                              Je retiens une scène au début du film quand chacun exprime sa motivation.L'un d'eux dit:"I am climbing the Everest,because I can" J'ai bien aimé cette réponse.

lundi 7 mars 2016

DHEEPAN de Jacques AUDIARD


FILM

On comprend que le film ait séduit le Jury du Festival de Cannes qui lui a attribué la PALME d'OR.Le film a la pureté et la dureté du diamant.Il montre de façon simple et efficace les difficultés de l'intégration,dans ce cas-ci,ce sont des réfugiés du Sri Lanka.
Difficulté d'apprendre un nouveau mode de vie,de nouveaux codes,une nouvelle langue aussi...Si j'ai eu un peu de mal à entrer dans le film,je m'y suis ensuite entièrement investie.La montée en puissance est spectaculaire.La fin du film est poignante,car la violence vécue lors des guerres tribales au Sri Lanka est parallèle à celle des gangs qui font la loi dans une cité française.Au-delà de sa dimension sociale,le film s'intéresse aussi à une histoire individuelle,celle d'un homme,Dheepan qui tente de se reconstruire,de retrouver sens au sein d'une famille éclatée.Vous comprendrez pourquoi et comment.

Je le répète,ce film est pur,dur,de facture simple,sans apprêts.Il montre sans juger,sans mélo non plus.A VOIR.
 

mardi 1 mars 2016

THE BIG SHORT de Adam McKAY


FILM

Les Américains ont le chic pour produire des films de cette trempe.
Quel rythme!Quel tempo!Un montage époustouflant.
Adapté du livre de Michael Lewis,le film met en scène plusieurs intervenants financiers qui avaient anticipé la crise des subprimes dès 2007.
On suit ainsi la prise de conscience progressive de trois groupes de personnes.
L'un est un solitaire,asocial,Michael Burry,remarquablement interprété par Christian Bale,nommé aux Oscars pour le meilleur second rôle.Il est le premier à proposer aux banques des sortes d'assurances contre les pertes probables,des CDS.
Une deuxième équipe a aussi vent d'un possible effondrement du marché résidentiel, ainsi que Deux jeunots qui vont suivre les conseils d'un ancien trader,joué par Brad Pitt himself,interviennent dans la prétempête et tentent,en vain d'alerter la presse.
Tous touillent plus ou moins dans la panade,valsant entre craintes,doutes,emballements et prises de conscience morales.Ils pressentent la débâcle sociale,humaine qui se cache derrière l'effondrement des banques.
Le côté un peu technique,didactique du film (CDS,CDO,notations A/AA/AAA...) est compensé par un rythme endiablé.Une vivacité visuelle géniale.
Il y a beaucoup de notes d'humour et de temps en temps, les personnages du film s'adressent à vous,téléspectateurs,vous prennent à témoin ou vous expliquent...
C'est plaisant.
Et la morale n'est pas du tout sauve,car beaucoup tireront des profits insensés de cette crise,peu de personnes impliquées paieront pour cette gigantesque fraude...ni banquiers,ni financiers...
Seuls les protagonistes de l'histoire semblent avoir quelque peu perdu leur âme.... et leurs illusions.
 

LA FAISEUSE D'ANGES de Camilla LÄCKBERG

LIVRE

L'univers de la romancière suédoise est rapidement identifiable.
D'abord,le nom de la ville Fjällbacka dont elle est originaire.C'est là qu'ont lieu les événements.Ensuite,le couple d'enquêteurs,Patrick et Erica,est au coeur de chaque roman.
Enfin,il s'agit chaque fois d'un fait du passé non résolu qui rebondit au présent et trouve son élucidation.

Cette fois,c'est une famille entière qui a mystérieusement disparu le jour de Pâques en 1974.
Seule une enfant,Ebba,plutôt un bébé d'un an et demi a été retrouvé dans l'internat,car c'est un couple qui dirigeait cette école sur l'île de Valö.Cinq étudiants ont été interrogés à l'époque,sans résultats.Mais suite au retour mouvementé d'Ebba et de son mari sur l'île,on rouvre le dossier,on retrouve la piste de ces étudiants devenus hommes.
Leur alibi était-il crédible?Ont-ils caché quelque chose?Ont-ils un secret inavouable?
Bien sûr,ces questions trouveront une réponse au terme de l'enquête,enquête quelque peu poussive,j'ai trouvé.C'est lent,trop lent,tiré en longueur surtout en ce qui concerne les contacts entre les 5 individus...Donc, je n'ai pas été super emballée par ce polar, j'étais contente de refermer le livre, ce qui n'est jamais un tellement bon signe.