mercredi 24 février 2016

SICARIO de Denis VILLENEUVE

                                     




   FILM                                                                                                                                                        

Film sombre,dur,impitoyable,noir d'un réalisme absolu sur le thème des cartels mexicains...
Un affrontement fort entre des personnalités contrastées,une femme respectueuse de la légalité et deux hommes  sans foi ni loi/des traques brillamment filmées/des exécutions sommaires...
Tout cela assure un tempo d'enfer et un réel intérêt psychologique.

Denis Villeneuve nous a habitués à des films violents,notamment "Prisoners" en 2013 et avant le magnifique et si troublant "Incendies".On retrouve y cette ambiance de huis-clos,stressante,implacable qui scotche le spectateur au film.




lundi 22 février 2016

THE MARTIAN de Ridley Scott

FILM
Ridley Scott,c'est quand même le père d'ALIEN,sorti en 1979.
Comme s'il était revenu à ses amours d'enfance: la science fiction.
Il s'est sûrement amusé à tourner ce film,nous aussi,car l'humour,l'auto-dérision sont bien présents.Laissé pour mort sur Mars,Mark,alias Matt Damon,doit imaginer comment survivre avant un éventuel et improbable sauvetage.
Le botaniste qu'il est crée donc son champ de patates,les récolte,les mange parcimonieusement,comptant la ration journalière.
Son monologue fait d'interrogations,de doutes,de découragements,mais aussi d'emballements soudains fait sourire tout au long du film,rythmant le récit des calculs,tentatives pour venir le récupérer depuis la Terre.
Car les États-Unis n'abandonnent pas le citoyen Mark.
Le début du film est un vrai cours de science:comment fabriquer de l'eau?H2O,ok! mais comment?quel compost?...Plus tard, ce sera:comment fabriquer un explosif? avec du sucre et de l'oxygène liquide...Oui,bon,je demande à voir.
En tout cas,ça peut inspirer l'un ou l'autre professeur pour ses labos!!!

A part ça,on passe un bon moment.De belles vues de Mars,des équipes de la Nasa au top,du don de soi aussi de la part de l'équipage qui va scotcher le héros en plein espace.
Crédible?Je l'ignore,mais en tout cas spectaculaire et captivant pour un spectateur pas trop exigeant quand même.
J'ai été plus impressionnée par INTERSTELLAR vu l'an passé.
 

vendredi 19 février 2016

BRIDGE OF SPIES de Steven SPIELBERG

FILM

TOM HANKS a le chic pour accepter des rôles qu'on dirait taillés à mesure pour lui.
Cette fois encore il fait partie de l'aventure avec Spielberg qui nous propose un film d'espionnage très lisible,classique.Sa force tient à la fine analyse des deux personnages principaux.L'un russe,l'autre américain,ils se ressemblent,sont réunis par une même grandeur d'âme,ils se comprennent,s'apprécient au-delà des mots.
L'acteur qui joue le rôle d'Abel,l'espion russe est remarquable.Tout en retenue et humour,il s'impose par son calme.Sa présence irradie l'écran.Et face à lui,Tom Hanks joue la carte de l'humain,du sensible.
On est plongé dans l'ambiance de ces années de la guerre froide où méfiance,calculs tacticiens prévalent,peu importe la vie humaine en jeu.Chaque camp craint surtout d'être dupé par l'autre,avance masqué,prévoit la parade au cas où....
Quelle ambiance ce devait être! 

jeudi 18 février 2016

A GOOD LIE de Philippe FALARDEAU

FILM
Ce film est plein de bons sentiments,de vraie générosité aussi.
C'est touchant sans être mélo.
C'est pédagogique sans être moralisateur.
Des orphelins rescapés d'une attaque de leur village au Soudan parcourent des kilomètres avant de se retrouver dans un camp de réfugiés.De là,ils rejoindront les USA qui se révèlent à leurs yeux ébahis,tant cette civilisation occidentale est étrangère à tout ce qu'ils connaissaient. 
Quelques scènes font sourire.D'autres émeuvent,notamment quand la nostalgie de leur Afrique et de ses troupeaux de vaches,de ses couchers de soleil s'empare d'eux.
Bien sûr,ils rencontrent "la bonne personne" qui va les soutenir,se battre pour eux et s'imprégner surtout de leur aura bénéfique.La jeune femme est interprétée par une Reese Witherspoon très tonique et crédible.

Donc,un film fort qui a le mérite de rappeler des valeurs essentielles de l'humain.
Celle du respect de la tradition,des ancêtres,la force des liens familiaux,de l'entraide,du don de soi.Le titre évoque ce bon mensonge qui permet à un frère de se sacrifier au profit de son aîné.

Je veux terminer en citant la phrase de la fin,très belle et exemplaire du film:
" If you want to go fast, go alone. If you want to go far, go together."

jeudi 11 février 2016

LE TOUT NOUVEAU TESTAMENT de Jaco VAN DORMAEL

FILM
Pourquoi ce film m'a-t-il touchée?
Pourquoi me suis-je laissé prendre par la main de cette petite fille,fille de Dieu,la narratrice de l'histoire? Pour plusieurs raisons sûrement.

D'abord,cette voix off,celle de Éa est tout à fait appropriée.C'est elle qui tient les rênes et nous emmène dans cette improbable échappée.Car,Éa s'est enfuie de chez elle et loin de Dieu-Père veut découvrir le monde extérieur et recruter quelques apôtres,18 en fait,le nombre d'une équipe de base-ball,sport dont sa mère est fan.
Ensuite à cause de ce curieux mélange de poésie,d'absurdités,d'insanités et d'une bonne dose de réflexion métaphysique.La recette fonctionne,même si c'est parfois fort incongru.
Certaines scènes sont extrêmement touchantes:François Damiens qui se prend dans ses bras/Catherine Deneuve émue par un gorille/ l'éblouissement d'un gamin face à la beauté sculpturale d'une jeune fille/l'enlèvement du bras artificiel de la jeune fille que la balle a épargnée/le garçon qui veut devenir une fille...
Parfaite écriture du scénario que l'on doit aussi à Thomas Gunzig:très beaux textes,très beaux dialogues.
J'ai aimé aussi cette plongée dans les codes de la religion:la Genèse/l'Exode/la Cène/le recrutement des apôtres/les miracles comme marcher sur l'eau,multiplier les sandwiches...
Tout cela est réactualisé,modernisé avec une impertinence et une audace qu'il faut saluer.

Mais finalement,c'est l'incertitude de l'heure de notre mort qui est le moteur du récit.
Chacun apprenant le temps qui lui est imparti réagit à sa façon et à tout le moins,les masques tombent,les êtres sont renvoyés à leur vérité,à l'essentiel.
Autres questions philosophiques interpellantes au coeur du film et traitées avec la même dérision:
Celles du Mal,celle de l'enfance,de notre enfance si déterminante pour nos choix futurs,pour l'adulte que nous deviendrons.On n'échappe pas à son destin....à moins que la fille de Dieu s'en mêle!!!

Un bé-mol quand même:pourquoi Poelvoorde est-il si caricatural,si excessif?
Ce Dieu criard,grotesque, c'est trop,ce n'est absolument pas crédible et cela appauvrit le propos.En tout cas....c'est mon avis.
 

mercredi 10 février 2016

SERENA de Ron RASH

LIVRE

 Mais quelle est donc la recette "magique" de l'écrivain américain pour écrire des romans aussi beaux,aussi puissants,aussi poétiques,aussi.......?
C'est le 3ème roman de lui que je lis avec le même bonheur.
Quel voyage chaque fois.
Pourtant,ce récit est fort différent des deux autres et il aurait de quoi rebuter certains lecteurs,car on y découvre un couple diabolique aux desseins meurtriers.
Un couple donc très antipathique,elle une sorte de lady Macbeth,lui amoureux est à son entière dévotion.Riches propriétaires forestiers,ils embauchent à tour de bras des ouvriers,mal payés, risquant sans cesse leur vie.Ces prédateurs sans scrupules semblent prêts à abattre tous les arbres de la planète tant leur appât du gain est grande,ils n'hésitent pas à soudoyer,voire éliminer ceux qui voudraient leur barrer la route,contrecarrer leurs projets.
Et donc au fur et à mesure,se produisent  accidents inexpliqués,décès sans cause apparente,chutes,etc...
En contre-point de ces deux êtres vils,le personnage de Rachel apporte humanité,tendresse au récit.Sans dévoiler le lien précis au couple,disons qu'elle aussi est un obstacle à leur folle ambition.Et il lui faudra fuir avec son enfant,loin,très loin pour échapper aux griffes des"rapaces".Ce sera une traque impitoyable.

Ce roman aux accents sociaux est écrit avec ce même sens du suspense,on ne lâche plus le livre,car on veut savoir si vengeance il y aura...ou pas!!!
L'écriture est toujours aussi belle,percutante,poétique.Quelques extraits:

" Elle se rendit compte qu'on pouvait avoir aussi faim de mots que de nourriture, parce que leur absence creusait le même vide au-dedans de vous, un vide qu'il fallait combler pour pouvoir affronter une nouvelle journée."

 "Les bois étaient silencieux et attentifs, on aurait dit que les arbres se serraient les uns contre les autres, comme s’ils attendaient non seulement la pluie, mais qu’on leur raconte une histoire."

 "Serena se débarrassa de ses dessous. En la contemplant, Pemberton se demanda si le jour viendrait jamais où il pourrait la regarder nue sans être ébloui. Il ne parvenait pas à l'imaginer et croyait qu'à l'instar de certaines lois des mathématiques et de la physique, la beauté de Serena était immuable. "Dans la beauté, elle marche". Ces paroles récitées bien des années auparavant, d'une voix aussi sèche que la poussière de craie dont l'air de la salle de classe était chargé, étaient les premières d'un poème de lord Byron, que Pemberton n'avait écouté que pour mieux se moquer des sentiments qu'il exprimait. Mais maintenant, il comprenait leur vérité, car la beauté de Serena était ainsi - une aura autour de laquelle le monde ouvrait un espace inviolable, afin qu'elle puisse s'avancer sans risquer la moindre souillure." 

La description d'une attaque d'ours ( p91) est juste incroyable.

Le roman écrit en 2008 a été traduit en français en 2011

dimanche 7 février 2016

CAROL de Tedd HAYNES


FILM

Outre le thème de l'amour qui unit deux femmes, l'intérêt du film est de nous plonger dans l'ambiance des années 50.Ambiance restituée grâce aux rues,aux autos de l'époque,au son désuet de leurs klaxons,aux vitrines et intérieurs des magasins au moment de Noël.
Le décor des appartements aussi: les frigos bombés,les postes de radio,les télés à écran noir... 
Film totalement "vintage" donc...mais dont le charme opère grâce au jeu subtil des deux actrices,tout en grâce,nuances et lenteur.Elles évoluent dans un monde conservateur dont les moeurs rigides enferment,étouffent,oppressent.Leurs visages doux et tendus apparaissent derrière les vitres embuées des autos ou dans un coin d'une pièce.
Une brume entoure souvent les personnages.
On sent la précision de la direction d'acteurs,la minutie de chaque plan. 
Une belle trouvaille scénaristique rehausse le suspens et le dénouement de l'histoire.

Kate Blanchett est nommée aux Oscars dans la catégorie "meilleure actrice" et sa partenaire Rooney Mara,une nouvelle Audrey Hepburn,interprète fort bien cette personnalité douce,timide,indécise,toute en intériorité que l'amour va révéler à elle-même.

Le film s'inspire d'un roman de Patricia Highsmith: "The Price of Sault" publié en 1952.

Le film s'inspire 

mercredi 3 février 2016

THE REVENANT de Alessandro INARRITU


FILM

Film épique d'une beauté absolue,glaciale ... et glaçante.
Beauté sauvage des paysages enneigés.A couper le souffle.
Abandonné par les siens,laissé pour mort,le héros,magistralement interprété par Leonardo Di Caprio (il devrait remporter son premier Oscar pour ce rôle exigeant,incroyable),le héros donc se bat pour vivre et surtout venger le meurtre de son fils.
Les embûches de tous ordres ne manquent pas: une nature hostile,des attaques d'animaux sauvages et d'Indiens,la soif ,la faim,le froid,la neige,la rivière déchaînée...
Blessé,moitié mourant,il survit.

Mais fallait-il 2h36 !!! pour mener le récit à son terme? Pas sûr.
Les critiques sont pour la plupart dithyrambiques,louant la qualité esthétique du film,sa poésie sombre,le réalisme aussi de certaines scènes superbes (notamment,celle où le héros lové à l'intérieur de la carcasse d'un cheval,abrité du froid intense,émerge comme une nouvelle naissance).
Tout cela est vrai,mais je suis restée à distance de ce drame visuel spectaculaire.
Pas d'émotions ressenties,c'est froid,c'est lent, c'est long,interminable.
On sent trop la performance technique,la dureté du rôle pour vraiment s'impliquer.
L'intériorité extrême du personnage,son quasi mutisme contribuent  à l'hermétisme du film.

Il n'en reste pas moins que c'est un grand,un tout grand DI CAPRIO qui honore ce film.