LA FILLE DU TRAIN de Paula HAWKINS

LIVRE

Si vous êtes sur la planète "TERRE", vous avez sûrement entendu parler de ce policier.
Je vais en commencer la lecture.

J'ai achevé la lecture ce 11 août 2015.
La descente aux enfers,l'engrenage que vit l'héroïne de ce polar m'ont interpellée. 
Je me suis demandée comment une vie peut ainsi basculer dans ce cercle infernal,et surtout comment tout un chacun ne sombre pas.
Comment certain(e)s passent entre les gouttes,d'autres pas.
Comment certain(e)s parviennent à faire face au choc,à lutter,à surmonter des épreuves et s'en sortent,alors que d'autres s'enfoncent lentement,mais inexorablement dans la folie, la paranoïa,la mésestime absolue de soi surtout.

L'héroïne est sans cesse rongée de culpabilité,elle veut bien faire,se trompe,puis se décourage et tout tourne en rond et ça va de pire en pire.
On s'attend à un dénouement tragique et on n'est pas déçu.

Quelques points forts de ce polar:

- Grande maîtrise de la narration.
- Rappel de certains détails qui font sens.
- Construction temporelle et polyphonique du récit: parfaite 
- Le monologue intérieur de l'héroïne tellement vrai,tellement convaincant.
- Belle psychologie féminine:cet obsédant questionnement qui taraude les 3 personnages féminins sur leur légitimité comme mère,épouse,femme...traverse le polar.
- Écriture simple,accessible,fluide...

Vraiment,... ce roman est une réussite qui nous prouve que suspense et intrigue policière s'inscrivent totalement dans l'art littéraire.

 

PERSONNE N'EN SAURA RIEN de SYLVIE GRANOTIER

LIVRE

Des disparitions de jeunes filles dans des lieux différents de France,à des dates espacées ...et une survivante,Isabelle ...en voilà assez pour construire un polar captivant,pas trach du tout et complexe dans sa trame psychologique.En effet,le lecteur veut comprendre comment Isabelle,16 ans a échappé à "l'ogre".Qui a manipulé qui?Qu'a-t-elle dit?Que n'a-t-elle pas fait?

Autant de questions qui trouvent leurs réponses au fur et à mesure de l'avancement du récit qui entremêle habilement les faits du passé et les séances du procès d'assises où la personnalité de l'accusé,grand dadais de 39 ans,son mode de fonctionnement,son absence totale d'épaisseur humaine mais aussi les manières frustres de ses parents,de sa soeur éclatent au grand jour.
Un bon polar donc.A lire ce second mois des vacances.

Sylvie GRANOTIER n'est pas une inconnue dans le paysage du polar français.Elle est l'auteur de plusieurs romans à suspense.Les 2 derniers ont pour titres:

"La rigole du diable" 2011
"La place des morts" 2013.

En consultant sa bibliographie,je découvre que la romancière est aussi actrice. 

VOYAGE EN CATALOGNE

                                                                                                                 MARS 2015
          

Après des années de cours sur le Surréalisme à l'école,
pourquoi ne pas partir sur les traces de ce fou de DALI ....
Chez lui, en Catalogne ...à Figueras,Cadaquès,Pubol, les 3 lieux daliniens par excellence... Sans oublier de visiter Gérone et les villages typiques de l'Empordà ,
Peratallada,Pals,Palau-Sator,Monells ...
Et le clou du séjour:le site magnifique de Montserrat, au nord de Barcelone.

                                                          
                                                       Maison  de PORTLLIGAT

                        
                                                           
                                                       LEDA   ATOMICA - 1949                                            
                                               

                                           
                                               GERONE et les maisons de l'Onyar...

                                             
                                                    Le musée de FIGUERAS 

  
                                                Le monastère de Montserrat

NAISSANCE de Yann MOIX

LIVRE

Ça arrache,ça décoiffe .....

C'est impertinent,insolent,tranchant,cynique,drôle,farfelu,parfois indigeste,(il faut passer outre les fastidieuses énumérations...),décalé,provocateur,merveilleusement déjanté...et surtout très,très bien écrit.

Les mots,il sait y faire Yann Moix.

Les 100 premières pages,hilarantes.L'art de revisiter ce moment à la fois si universel et si particulier où tout commence/la naissance avec des mots gorgés,détricotés,désarticulés,travaillés au corps,dé-sensés.Il prend les choses, les mots à l'envers/à revers.

Quelques exemples:

"Je voudrais dérompre" p331.

"Les parents nous ont donné la vie,à nous de la leur reprendre"

"L'amour,ça ne se fait pas.C'est même la seule chose qu'on ne puisse faire.C'est lui qui nous fait.Nous défait le plus souvent." p173.

A propos de la vieillesse,tout est dit:

"Quand la fin de tout est proche,tout devient sans conséquence,tout devient gratuit .

Les vieux ainsi que les enfants barbotent (j'adore!) dans la gratuité du monde" p339.

Certains passages sont d'une grande poésie/exemples:

"Chaque femme enceinte est un ballon qui s'élève dans l'azur" p544.

A propos de Gide:"Je n'ai donné que de l'absence à ma femme" p426.

"La statue (de Moïse) reste et regarde,têtue dans son regard,insistante en son imposée direction,folle de cet horizon bloqué,de cette obstination d'étau infligée par son décédé sculpteur.....

Les statues se souviennent de tout:nous fûmes avalés par chacune d'elle à chacun de nos passages..." p348.
En évoquant sa grand-mère,l'écrivain fait l'éloge d'une"catégorie" de femmes:
" Les femmes d'apparence fragile cachent parfois des forces étonnantes... Ma grand-mère régnait à son corps défendant sur son entourage.Sa fragilité était dominatrice.Derrière ses paupières à moitié refermées ruminait le feu d'un volcan...
.... Certaines femmes(dont sa grand-mère) ont su, à la faufilée façon des anguilles,slalomer entre les horreurs de l'existence,les coups bas du destin et face à la tragédie,vieillies mais toujours fillettes dans leur faciès de poupées,elles ont conservé un regard lunaire et naïf,tendre.
C'est leur regard sur le monde,déserté de toute méfiance,dénué de toute cruauté,qui a permis aux saisons de passer à travers elles comme des rayons X,sans en consumer la part absente et enfantine..." p414.

L'écrivain évoque des écrivains tels Gide,Proust.
Il écorne au passage Giscard d'Estaing,trop"fiscal" selon lui.p478.
Il redynamise le lien Père/Fils dans la religion catholique.p493-498.Le Fils étant avant le Père dans le passé.
On a droit à une description sans appel d'un basset(p471) et à une approche assez philosophique de la race des chiens.

Je suis +/- à la page 600 des 1143 pages.
A suivre,donc ...
 
 

 

 

MANDERLEY FOR EVER de Tatiana de ROSNAY

LIVRE

Tatiana de Rosnay passionnée par la vie et l'oeuvre de Daphné du Maurier nous emmène sur ses traces en Cornouailles,mais aussi en France,en Italie,pays visités et coups de coeur de la romancière.
Cette biographie nous donne accès à l'oeuvre de Daphné du Maurier,aux contextes variés qui ont vu naître ses romans,mais surtout aux lieux qui ont marqué la romancière et l'ambiance si particulière de ses romans.
Pas de "REBECCA" (1938) sans l'univers du manoir de Menabilly.
Ni le roman "L'auberge de la Jamaïque" (1936) sans les étendues désertées des landes et les marécages près de Bodmin...
Les lieux,les maisons,la végétation,le parfum des fleurs,leurs couleurs chatoyantes, la proximité de la mer aussi ....sont déterminants dans l'oeuvre de Daphné du Maurier.
Une citation de celle-ci l'illustre :"Les gens et les objets disparaissent,pas les lieux"    

Daphné du Maurier aimait se retirer dans ces lieux sauvages pour écrire,loin de Londres et surtout loin de son mari et de ses 3 enfants.Cette solitude nécessaire à la création romanesque ,un luxe à conquérir,une gageure...
MYSTÈRE de cette oeuvre considérable ( +/- 20 romans et nouvelles) créée par cette femme qui était aussi pleinement mère (de 3 enfants),fille (beaucoup de dévouement envers sa mère vieillissante) et soeur (elle est la 3ème fille et a su tisser des liens étroits avec ses aînées).
Comment concilier tout cela? : le mari,militaire chargé de hautes fonctions qu'elle suivra au Caire lors d'une mission/les enfants/l'aménagement,la restauration des lieux/l'écriture,puis la publication de ses romans,leur traduction (en français notamment),leur adaptation au cinéma...

Ces multiples défis nous sont minutieusement racontés,décrits,détaillés par Tatiana de Rosnay dans sa très réussie biographie. 

VOYAGE à BUDAPEST

VOYAGE   à    BUDAPEST                                                                                    MAI    2015.

Je suis revenue émerveillée de cette ville.
Des bâtiments "Art nouveau/Sécession" de toute beauté.
   .....Le palais Gresham ......Les Bains Gellert .....  
Des hôtels restaurés devenus de splendides palaces, comme L'hôtel Hilton,Le Four Seasons Hotel (alias Gresham Palace) ou l'hôtel Boscolo,précédemment New York Palace...
Le Parlement,un bijou d'architecture.Intéressante visite guidée sur l'histoire mouvementée de la Hongrie.
Le quartier du château sur les hauteurs de la ville / quartier Buda.
Le marché central.
L'Opéra qui mérite une visite guidée "en français" .... concurrent de l'Opéra de Vienne!
Les Bains...Ah! les bains,chacun doté d'un cachet propre.

Sans oublier 2 lieux de mémoire:
- la maison de la Terreur,Andrássy út,60 .... lieu où s'exercèrent la terreur nazie,ensuite la terreur de la police communiste dans les années 50.
- quelques mètres le long du Danube où l'on découvre des chaussures sculptées,témoignage poignant de ces Juifs à qui on enlevait les chaussures avant de les précipiter dans le fleuve en 40/45. (c'est la dernière photo.)
     

DISPARAÎTRE DE SOI .... de David Le BRETON

LIVRE 

Qui est David le Breton?

"Anthropologue et sociologue, professeur à l'Université de Strasbourg, David Le Breton est de ces universitaires qui publient beaucoup avec le souci de porter à la connaissance du grand public les travaux et réflexions menés sur ses thèmes de recherche.
On lui connaît de nombreux écrits limpides sur l'anthropologie du corps et les conduites à risques, essentiellement chez les adolescents, abordant aussi bien les expériences heureuses que douloureuses autour des thèmes que sont la marche, les pratiques corporelles, la peau, la voix, le silence ou encore la saveur du monde."

Il vient de publier,début 2015,un essai original,tout à fait intéressant.

Un nouveau rapport à nous-mêmes,aux autres,mais aussi au temps et à l'espace se précise.Cette tentation de ne plus être soi,de ne plus être là pour personne,de s'effacer,de se perdre,de partir sur des chemins de traverse,de mettre de la distance entre soi et les autres est le fil rouge de ce livre.

A travers ce prisme,il revisite bon nombre de situations,moments de la vie:les conduites à risque des adolescents,l'anorexie mais aussi la maladie d'Alzheimer...

Hypothèse:peut-être que la personne âgée désirant disparaître d'elle-même,s'effacer crée des transformations au cerveau (et non l'inverse)... Façon de "disparaître sans mourir"...

Très belles pages sur le regard aimant,soutenant du personnel soignant en contact avec ces personnes...

Dans chaque cas,il est question d'un rapport à notre corps,corps adolescent ou vieillissant ,mais aussi corps adulte saturé de pressions diverses.Rapport à notre image,image sociale ou intime.

Les disparitions inexpliquées sont aussi redéfinies comme des manières de re-naître,de changer de vie,d'identité,sans laisser de trace,de devenir quelqu'un d'autre.

Le concept de blancheur caractérise cet état où l'individu se met "en vacances" de lui-même.

Blancheur comme une volonté d'impuissance,salutaire pour le sujet qui peut se réinventer,se ressourcer,se régénérer... Mise en suspens de soi qui est donc prometteuse,joyeuse même,en tout cas féconde et pas du tout désespérée.