vendredi 28 mars 2014

La VENUS à la fourrure de R.Polanski


FILM

Ce film m'a littéralement subjuguée !!!
Quel charme , quelle grâce, quelle séduction, cette Emmanuelle Seigner!!!
La magie opère dès l'entrée en scène de la comédienne.
Arrivée en retard à une audition, "Vanda" révèle rapidement un talent hors norme qui séduit le metteur en scène : Mathieu Amalric.
Se noue très vite entre eux , un jeu trouble dont le moteur est un subtil rapport de forces...
Qui mène la danse?  Elle ou lui? La Venus de la pièce ou le sage héros, créé par Sacher-Masoch?
Le jeu d'Emmanuelle Seignier est tout simplement bluffant : cette aisance avec laquelle elle passe sans cesse de la femme réelle, un peu tarée, limite simplette et vulgaire à l'actrice inspirée, dominatrice ....

Roman POLANSKI  est un adepte du "huis-clos" et cela lui permet de resserrer son propos , d'apporter densité et intensité au film.
On est complètement immergé dans ce face-à-face , tantôt drôle, tantôt inquiétant et diabolique. La richesse du film est multiple.
Comédie bien sûr ( surtout au début ) , travail de mise en scène ( à certains moments, les deux protagonistes ajustent lumière , décor , intonation de certaines répliques ...) mais aussi questionnement sur la relation amoureuse et la domination des femmes.
Qui , finalement , domine l'autre , aime en souffrant ou en faisant souffrir?
La  scène finale  du film , totalement dionysiaque ,  éclaire cette question.

Côté technique du cinéma , le long travelling d'ouverture est intégralement repris en clôture du film.

FILM à recommander aux professeurs de Français de 6ème Rénové qui ont LE THÉÂTRE à leur programme : il y a , en effet , matière à réflexion sur tous les ingrédients d'une mise en scène réussie : le jeu des acteurs, la scénographie, le décor, les artifices théâtraux ....


dimanche 16 mars 2014

EXPO 58 de Jonathan COE



                                                     
LIVRE

Quelle déception  que ce roman qui ne démarre jamais vraiment !!!
C'est monotone, endormant , lisse.
ça m'a fait l'effet d'un jour de brume sur Londres.
J'ai lu les 200 premières pages .... et j'ai refermé le livre.
Pas d'acharnement littéraire !!! ....Il faut arrêter le traitement ...de textes ...

Je rejoins l' avis du BLOG "Les contes du quotidien " . En voici un extrait , mais j'adhère à toute la critique (http://lescontesduquotidien.blogspot.be/2013/12/samedi-apres-midi-dans-un-cafe.html )


"...Le postulat de départ aurait pu donner un résultat intéressant. Un petit fonctionnaire sans ambition est envoyé par ses supérieurs du Ministère de la Communication à l’exposition universelle de Bruxelles pour superviser la construction puis la bonne tenue, tout au long de l’événement, de l’un des bâtiments phares du pavillon de la Grande-Bretagne : le pub Britannia, sensé porter haut les valeurs de la civilisation britannique. Propulsé dans l’effervescence bruxelloise, Thomas Foley doit faire face à la tentation de l’adultère et à la complexité des relations internationales au temps de la Guerre froide.

Mais ça ne prend pas. Tout est terriblement prévisible ; l'humour n'apparaît qu'au détour de quelques dialogues très British. On finit par ne pas comprendre ce que Coe veut faire de ce récit ni pourquoi il a choisi ce thème, comme s’il semblait lui-même peu convaincu de l’intérêt de raconter cette histoire. La seule impression que ce livre arrive à faire partager au lecteur est la solitude finale du héros, fruit de ses indécisions et de son désenchantement. Sur les quinze dernières pages, beaucoup trop tard pour nous sortir de notre propre détachement vis-à-vis de ce récit. ...."  ( souligné par moi )

vendredi 14 mars 2014

Les garçons et Guillaume, à table! de Guillaume GALLIENNE






FILM

Si je vous dis que c'est le générique de fin , sur fond d'une chanson d'Arno ( "Vous, les femmes" .... , reprise à Julio Iglesias ) , que j'ai le plus apprécié , vous comprendrez que je ne suis pas fan  du film.

Sans vouloir nier la vraie originalité du film  et   saluer  la double prestation de l'acteur en fils et en mère , quand même , lui  décerner 5 prix,lors de la Cérémonie des César .... 
c'est  too much !!!
Cette suite de "tableaux" à 2 , les voix  et du fils et de la mère , tout cela m'insupportait .
Je n'ai à aucun moment accroché au film que j'ai patiemment regardé jusqu'au générique de fin, ...ma récompense.

Je partage assez bien l'avis d'une partie de la critique  de Télérama ( le 20/11/2013 )
que je reprends ici

... "Grand metteur en scène de cinéma, en revanche, non ! Pas pour l'instant. Du spectacle où il triomphait, seul en scène, il a tiré une suite de sketchs brouillons, balourds et souvent ballots, qui réussissent le prodige d'être à la fois épais et inconsistants. Le pompon, c'est le passage en Allemagne, avec Diane Kruger en infirmière à clystère : en théorie, truculent comme du Blake Edwards. Dans la pratique, aussi grossier que le cinoche bas de gamme du Jean Lefebvre des grandes années... "  PIERRE MURAT.


Pour ceux qui aiment le chanteur ARNO , voici le lien de la chanson du générique :


https://www.youtube.com/watch?v=zxSofUvsb-g






jeudi 13 mars 2014

DETACHMENT de Tony KAYE ( 2011 )


FILM

UN GRAND FILM.

Adrien Brody  ( Oscar du meilleur rôle masculin dans " Le pianiste" de R.Polanski ) incarne un prof intérimaire dans un lycée difficile de la  banlieue new-yorkaise.
Sa première leçon , son premier contact avec sa classe est déjà tout un programme,une réussite .
L'intérêt du film , c'est qu'il  alterne ces moments de cours , pas toujours évidents avec des élèves , rebelles , souvent largués , en désespérance .... avec  des scènes plus intimes, celles de sa vie personnelle , de son passé.Le montage est subtil , truffé de nombreux flashback  très pertinents.
Car , lui aussi , est un être particulier . Son visage d'une tristesse insondable est touchant.
Touchante aussi , sa bonté naturelle envers quelques rescapés de la vie: une prostituée, son grand-père qu'il visite et soutient avec tant de tendresse. ....sans oublier l'un ou l'autre éléve à qui il tend la main...
Allez savoir pourquoi , je me suis " attachée" à ce personnage si vrai , simple , si généreux de sa personne.

Pour info, Tony KAYE est aussi le réalisateur de " American History X " (1998 ) , film de rédemption  sur la trajectoire d'un  skinhead repenti : un remarquable Edward Norton.

12 YEARS a slave de Steve McQueen


FILM

L'esclavage reste un thème délicat à aborder pour  un cinéaste américain.
Récemment, "Django unchained" et "La couleur des sentiments" s'y sont attelés chaque fois avec brio. 
On peut reprocher à Tarentino certaines  scènes  ultraviolentes , mais il y avait un point de vue dans son film et cet humour décalé qu'il distille dans tous ses films.

Ici, flagrante absence de point de vue, vision quelque peu simpliste , trop manichéenne de la question  ( le mauvais blanc qui maltraite le bon noir qui au final, s'en sort !!! )
Manque d'originalité donc . Le film est larmoyant, misérabiliste. 
Il ne nous fait pas avancer dans la perception que nous avons de l'esclavage.

Voici le lien des critiques du film de Tarentino :

http://parlonscinebouquins.blogspot.be/2013/01/django-unchained-de-q-tarentino.html

                                       et du film de Tate Taylor :

http://parlonscinebouquins.blogspot.be/2012/01/la-couleur-des-sentiments-de-tate.html

mardi 11 mars 2014

NEBRASKA d' Alexander PAYNE

FILM

Après plusieurs films très réussis , Alexandre Payne  nous propose  Nebraska.

Dans "About Schmidt" ( 2002 ) , c'était Jack Nicholson qui tenait la vedette dans un rôle de retraité renfrogné qui part à la découverte de la vie . Ensuite " Sideways" ( 2004 ) révélait un immense acteur : Paul Giamatti  et en 2011 , "The descendants "  , un film où George Clooney joue très juste , n'en fait pas des tonnes et évolue avec pertinence au cours de l'histoire.

"Nebraska" est une réussite d'authenticité , de simplicité et  d'esthétique.
C'est vrai ,  c'est sans affectation , sans états d'âme. 
Un voyage improbable réunit un père et son fils . Le père , déjà âgé , croit dur comme fer qu'il a gagné le gros lot et veut aller toucher ce pactole .... à +/-  1.500 km de là.
Le fils l'emmène. La tendresse , une sorte d'amour inconditionnel du fils  illuminent ce film, pourtant "en noir et blanc" ... Un fils attentionné, protecteur, prêt aussi à répondre à toutes les lubies de son père. L'important , pour lui , c'est  de passer du temps avec ce père.

Le film est touchant, épuré. Les plans sont magnifiques. Certaines scènes sont vraiment drôles, car ce père , buté , totalement "barje", décalé est un personnage tragi-comique.
Bruce Dern a remporté le prix d'interprétation masculine à Cannes pour ce rôle.
Le "noir et blanc" convient très bien à l'ensemble: des paysages dépouillés , des villes plus qu'inhabitées , des pancartes " maison à vendre" .....Au final, une Amérique qui semble si vide , si abandonnée.




mardi 4 mars 2014

INCIDENCES de Philippe DJIAN

LIVRE 

Il m'est arrivé plusieurs fois de lire  UN LIVRE   après avoir vu le film.
Ce fut le cas  pour "Un thé au Sahara".  Le magnifique film m' a donné envie de lire le roman inoubliable de Paul Bowles. Cette fois encore, après "L'amour est un crime parfait " (critique sur ce Blog ) , j'ai lu le roman qui l'a inspiré : INCIDENCES.

Sous les apparences lisses d'une histoire banale , celle des aventures amoureuses d'un prof de littérature avec ses étudiantes , se cachent bien des secrets , des blessures d'enfance , une relation trouble entre un frère et sa soeur et .... surtout des allusions plus ou moins explicites à des meurtres.
La fin est "explosive" .... différente du film qui s'en est inspiré.

J'ai apprécié ce roman , dans l'ensemble assez  semblable au film . Je l'ai apprécié pour son écriture,son absence de fioritures... MAIS tous les lecteurs ne partagent pas cet avis . C'est rien de le dire. 
Notamment Pierre Jourde qui se lâche  dans un article publié par Le NouvelObs , le 20/O4/2010.
Voici le début de l'article .... Il donne le ton  de l'ensemble de cette critique corrosive :



"Autant l'avouer : je n'avais jamais lu Djian jusqu'à ce jour. Je ne sais même pas pourquoi.  Aucun préjugé, bien au contraire, l'homme a l'air intéressant, les titres sont plutôt alléchants. Des gens que j'estime (dont Didier Jacob) semblent le tenir pour un grand écrivain. D'autres, que je méprise (Yann Moix), l'attaquent.  Il se réclame de Nabokov et Brautigan. Autant de raisons pour me jeter sur ses livres. Il y a, comme ça, des lacunes injustifiables. Je me promettais de la combler, sans jamais réussir à le faire. Et voici que son dernier livre, Incidences, fait l'unanimité de la critique, tout en figurant parmi les meilleures ventes. En outre, Djian insiste beaucoup sur le style, sur le travail de l'écriture. Exactement ce qu'il me faut, me suis-je dit : un auteur à la fois populaire et exigeant. DansLire, il parle de « musique », d'« oreille », de travail plutôt que d'inspiration, de l'importance de la moindre virgule, de sa « foi absolue en la littérature ». Je partage tout cela. Il n'hésite pas, au passage, à dire qu'il est « un des écrivains français qui écrivent le mieux aujourd'hui ». Bon, pourquoi pas ? Si c'est le cas, il a raison de le revendiquer. Du coup, je me jette sur Incidences.

Donc, Incidences. Et dès les premières pages, il se passe quelque chose qui m'arrive tout de même assez rarement : la moindre phrase m'est tellement pénible, la moindre tournure me heurte à ce point que je n'arrive pas à poursuivre immédiatement, c'est de l'ordre de la souffrance physique, un peu comme quand votre voisin tente d'apprendre le violon, ou qu'une pelle racle du béton. C'est une question de musique, en effet. Je me suis forcé à continuer. J'ai tout lu, mot à mot, dans une sorte d'ahurissement douloureux " ..... etc ....
                         ( souligné par moi ....)

dimanche 2 mars 2014

ALEX , TRAVAIL SOIGNÉ ,CADRES NOIRS ... de Pierre LEMAITRE


LIVRES   POLICIERS

Quel plaisir de découvrir un auteur de  polar , français de surcroît.
Pierre Lemaitre , retenez ce nom et pas seulement , parce qu'il a remporté le PRIX GONCOURT , 2013. pour "Au revoir là-haut".Il est  surtout un formidable écrivain de polars.
Une parfaite  maîtrise de l'intrigue.
Un style simple, efficace ...ET élégant.
Une épaisseur psychologique et familiale de l'enquêteur, Camille Verhoeven.
Il  FAUT  lire la trilogie Verhoeven.!!!

Je reprends à WIKIPEDIA la bibliographie de cet écrivain.                                                            "Série policière Verhœven"                                                                                                                     -  Travail soigné, Editions du Masque, no 2501, 2006  . rééd. Le Livre de poche Thrillers no 31850,              2010   (Prix du premier roman du festival de Cognac, 2006 )
  • Alex, Albin Michel, févr. 2011, 392 p.  ; rééd. Le Livre de poche Thrillers no 32580, 2012.
  • ( Alex a obtenu  le prix du Polar 2012 ( le Livre de poche))
  • Les Grands Moyens, feuilleton numérique comprenant le texte enregistré par l'auteur. SmartNovel, 2011 
  • Sacrifices, Albin Michel, 2012 ; rééd. Le Livre de poche Thrillers, 2014 
  • Rosy et John, Le Livre de Poche Thrillers, 2013, 141 p. Livre hors commerce pour les 60 ans du Livre de poche, rééd. des Grands Moyens.

Autres romans

  • Robe de marié, Calmann-Lévy, coll. « Suspens », 2009  rééd. Le Livre de Poche Thrillers no 31638, 2010 .
  • Cadres noirs, Calmann-Lévy, 2010  ; rééd. Le Livre de poche Thrillers no 32253, 2011 ...."                             ( voir critique de ce livre après les citations )

Quelques citations de ces livres::

    " Le juge est un type d’une trentaine d’années…… Mince, sec, il porte un costume à fines rayures, cierge, avec des prétentions à la séduction parce qu’il a des cheveux très épais et une raie sur le côté des mocassins, des boutons de manchettes en or. Ça en dit long, ces détails- là. On dirait qu’il est né en costume-cravate Vous avez bon vous concentrer, impossible de l’imaginer à poil. Il est raide comme un comme les assureurs qui rêvent de faire de la politique. Il fait futur vieux beau." p 94 



    " Le 1er Janvier 2002, Dieu est descendu sur terre, Il s'est incarné sous la forme du passage à l'euro. Et quand il se déplace en personne. Dieu n'est pas le genre de type à lésiner sur les miracles. Après la multiplication des pains, multiplication du pognon. Par sept. Du jour au lendemain. Dieu est un génial simplificateur. "

    " Les deux hommes se sourirent franchement. C'était la première fois qu'ils se souriaient de cette manière. Et le premier sourire, entre deux hommes, c'est le début de la reconnaissance ou des malheurs."


    " Les relations entre les gens ressemblent souvent à des lignes de chemin de fer.
     Lorsque les voies s'écartent et s'éloignent l'une de l'autre, il faut attendre un aiguillage pour avoir une 
     chance de les voir reprendre un chemin parallèle. Ballanger se sentait mis en question.
     Camille proposa un aiguillage." p 153  = belle métaphore!!!

    Le meurtrier envoie une lettre à l'enquêteur dans " Travail soigné". Voici ce qu'il écrit:
    " Toute la perfection de mon oeuvre est d'avoir écrit par avance, le livre du plus beau crime ...
     après avoir commis les crimes des plus beaux livres ... "
    En effet , le meurtrier s'est inspiré de célèbres romans policiers , tel " Le dahlia noir" ...pour réaliser
    ses crimes ,  copiant au détail près la mise en scène, le choix des victimes , leur âge , préparant tous 
    les accessoires indispensables à une imitation parfaite !!! ...Un vrai fou, quoi.


                                                         
                                                                   
    LIVRE : " CADRES NOIRS "

    Polar  très original sur fond de crise économique et de chômage.

    Un demandeur d'emploi qui pète un cable.
    Une épouse qui n'y comprend rien.
    Un test de candidats qui prend la forme "ludique" ! d'une fausse prise d'otages...mais les dés sont pipés ....et bien sûr, ça tourne au drame ,en passant par la case prison, la vengeance sur les membres de la famille , une demande de rançon ....
    ça finit par l'éclatement du couple et un choc frontal entre 2 autos sur le périph parisien.

    Tout au long de l'histoire , palpitante , le héros, Alain Delambre , cadre de 57 ans apparaît comme totalement incompris : une énigme pour tous ceux qui le cotoient: femme, enfants,patron abusif, maître chanteur...
    En fait, seuls , nous lecteurs , suivons avec passion sa trajectoire et comprenons ses motivations. nous nous attachons à lui et à ses facéties.
    J'ai lu TOUT d'une traite , ou presque .