dimanche 28 février 2010

SHUTTER ISLAND de Martin Scorsese


FILM...... " POLAR PSYCHOLOGIQUE".....

Il est impératif d'aller voir le film, sans avoir connaissance de l'histoire . En effet , l'effet de surprise ne jouerait pas et ce serait perdre la fraîcheur du spectateur qui se laisse progressivement embarquer dans le récit pour mieux se réveiller et réagir quand la réalité se révèle quand même fort différente de celle perçue au début.


Un Marshal ( joué par Di Caprio ) chargé d'enquêter sur la mystérieuse disparition d'une pensionnaire de l'hôpital psychiatrique de "Shutter Island" ne rencontre que visages fermés, hostiles, mensonges à peine dissimulés lors des interrogatoires et surtout méfiance et refus de collaborer des responsables du centre , notamment de l'énigmatique Docteur Cawley.
Que cache cet hôpital ? Pourquoi ce bâtiment C inaccessible? Qui est le patient 67? Comment sont traités les internés ? Qu'est-il arrivé à Rachel, la disparue? Ce sont une partie des questions que se posent le Marshal et son co-équipier , et nous spectateurs qui suivons le déroulement des événements dans une atmosphère de plus en plus oppressante ( la tempête sur l'île accentuant encore l'impression de chaos ...) et sinitre.
D'autant plus que l'inspecteur est en proie d'abord à de fortes migraines, ensuite à des cauchemars de plus en plus invalidants liés à la perte de sa femme lors d'un incendie et à ses souvenirs de la libération du camp de Dachau à laquelle il a participé en tant que GI... C'est clair, son passé le hante. Sa santé mentale serait-elle aussi menacée?....
Les ACTEURS : judicieusement choisis par Scorsese:
Di Caprio: crédible et même convaincant Ben Kingsley: glacé et glacial à souhaits
Max von Sidow: raide comme un mort!!!

dimanche 21 février 2010

UN ROMAN FRANCAIS DE F.Beigbeder


LIVRE

Un livre-vérité, un livre-confession, un livre-transparence, un livre où on arrête de jouer , de se laisser prendre à son propre jeu . Un livre qui sonne la fin de la récré. Un livre, nouveau départ et fraîcheur retrouvée...

F. Beigbeder a obtenu "Le Prix Renaudot" pour ce 7ème roman.

Ce "roman" qui s'apparente à une réelle confession et auto-analyse n'a laissé aucun lecteur indifférent. Les critiques les plus acerbes croisent des éloges appuyés.
Je rejoins cette dernière catégorie , car abstraction faite du personnage médiatique, extravagant à l'ego surdimensionné , se cache une vraie plume. Le style est fluide, direct, tout en étant recherché. Il y a de bons mots , des réflexions sensées.
Le romancier se livre avec sincérité , sans complaisance "à la recherche "d'une enfance apparemment exempte de souvenirs et qu'un enfermement forcé ( une garde à vue suite à la prise de cocaïne ) va lui permettre de scanner, d'investiguer...Et certains faits de remonter à la surface, tels de rares bulles de champagne...
Nous en apprenons davantage sur le petit garçon gentil, poli, propre sur lui, mais si mal à l'aise avec les autres, issu d'un milieu aisé et bien pensant , sur le divorce de ses parents et surtout le non-dit qui l'a entouré, sur le frère aîné qui semble avoir tout pour lui dès le départ et par rapport auquel il n'a eu que le choix de se constituer en totale opposition. Ce "vilain petit canard" s'est réfugié dans la musique , la lecture et très tôt l'écriture pour exister.
Ce qui m'a plu dans ce récit , c'est que Beigbeder a évité un double écueil , celui du règlement de comptes ou de l'auto-apitoiement. Cela ne l'empêche pas d'égratigner au passage la génération de ses parents , génération mai 68, celle de la libération où certains "se faisaient pardonner " leur séparation en gavant leurs enfants de multiples gadgets...
Sa garde à vue qui se prolonge deux jours durant lui donne l'occasion de violemment s'insurger contre les conditions inhumaines , sordides des geôles parisiennes, mais ce moment de souffrance et de révolte , il le transmue en catharsis et en maturation.
Il sortira de prison libéré et différent.








samedi 13 février 2010

MAGNOLIA de P.T.Anderson





FILM

OURS d'OR à BERLIN en 2000.





Arte a eu l'excellente idée de programmer "Magnolia" ce jeudi , l'occasion de revoir ce film étonnant sorti en 2000. Film mosaïque qui fait s'entrecroiser 9 destins, tels les 9 pétales de la fleur du magnolia , tels aussi les fils reliés d'une toile d'araignée: UN VRAI DÉFI !!!
3 heures..., le temps nécessaire au cinéaste pour filmer avec subtilité et humanité des êtres en pleine crise existentielle et cela au cours d'une seule journée qui va tourner à l'orage et au déluge sur le plan météo. Pendant qu'un couple improbable se forme, un autre est en passe de se déliter . Un fils meurtri par la lâcheté de son père, maintenant mourant, lui sort toute sa rage, sa rancoeur avant de s'effondrer en larmes . Une jeune fille cocainomane refuse l'accès de son appart à son père . Deux personnages "satellites", l'infirmier et le policier , pleins de compassion rendent possible rédemption, réconciliation et apaisement... car ces drames cachent des blessures d' enfance, des trahisons, des mensonges, des lâchetés... et la question qui surgit vers la fin du film est bien sûr : Peut-on pardonner ? ou plutôt : Qu'est-ce qu'on peut pardonner?
Plusieurs scènes sont empreintes d'une rare qualité humaine et l'émotion est au rendez-vous , notamment celle où un enfant surdoué , habitué à gagner lors de sa participation à des jeux télévisés demande à son père trop dur d'être gentil avec lui...
Tous les acteurs jouent juste dans des registres différents. Julian Moore est parfaite en hystérique agressive, incapable de cacher son mal-être . Tom Cruise , au début macho , arrogant et cynique , perd peu à peu ses défenses et se revêt d'une fine couche de tendresse!
On ne révélera pas la surprise cinématographique qui nous est livrée " en prime" à la fin du film , sorte de délire visuel et narratif qui laisse perplexe!!!

Pour rappel, P.T.Anderson a réalisé en 2007 un film aussi fort sur un tout autre sujet : " There will be blood".










lundi 8 février 2010

LA FORET des MANES de J.C. Grangé





LIVRE
Je termine à regret la lecture du dernier policier de J.C.Grangé. Une fois de plus, l'intrigue démarre sur les chapeaux de roue et éclate dans deux ou trois directions différentes.
L'enquêtrice se concentre alors sur une scène de crime particulièrement macabre où s'entrecroisent faits de cannibalisme , laboratoires génétiques , inscriptions sur les murs évoquant des traces préhistoriques. Tombant par hasard sur l'enregistrement des séances d'un psychanalyste mises sur écoute, elle entend la voix, voix étrange, dédoublée du supposé tueur : un enfant autiste.
La piste du Nicaragua , d'une filière de sang contaminé et la découverte du livre " Totem et tabou" où Freud met en lumière la scène originelle du meutre du père par les fils du clan et les interdits fondateurs de toute société humaine qui en découlent : interdit de l'inceste , du parricide et de l'endogamie et totémisme...la déterminent à poursuivre l'enquête jusqu'en Amérique du Sud , aux confins de cette forêt des Mânes. Chaque étape franchie lui donne l'impression de se rapprocher un peu plus de l'enfer , enfer végétal, mais aussi humain. Sa perséverance s'avérera payante pour découvrir une vérité qui aurait pourtant dû lui sauter aux yeux dès le début!!!....Ce final , ce dénouement hautement improbable m'a aussi bien surprise et je me suis dit: "Mais bon sang, mais c'est bien sûr". Voilà... , je n'en dirai pas plus pour ne pas déflorer l'intrigue , sauf qu'une fois encore, ce polar ne m'a pas lâchée , de bout en bout il est palpitant, riche en rebondissements , dont le dernier génial.
Le lecteur retrouvera aussi certains thèmes chers à Grangé , tels l'enfance , l'innocence bafouées ( c/fr Miserere ) le sadisme des bourreaux. Grangé ne rechigne pas non plus à alimenter son propos par des références à la psychanalyse , à l'autisme, à la préhistoire , à la recherche génétique ....Autant se passionner et tout à la fois s'instruire.