mercredi 23 décembre 2009

UNE ODYSSEE AMERICAINE de Jim Harrison


LIVRE
Je termine la lecture de ce livre plaisant de l'auteur américain...Le point de départ m'a semblé original: un sexagénaire vient de se faire larguer par sa compagne et décide d'entreprendre un voyage, disons cathartique, à travers son pays . Ce périple aura comme toile de fond une sorte de reconstitution d'un puzzle reçu dans l'enfance dont les 48 pièces correspondent aux différents Etats , chacune arborant une couleur, une devise et un oiseau spécifique...et notre voyageur de parcourir les Etats-Unis à partir du Michigan vers la gauche Montana , puis Arizona et retour par le Montana... et de jeter à chaque franchissement d'Etat une pièce dans une rivière...
Notre voyageur ne nous épargne aucune de ses frasques amoureuses avec multe détails scabreux , frisant parfois la vulgarité ( car il a emmené dans ce roadmovie une ancienne étudiante fort portée sur la chose... ) , mais il se montre aussi généreux quand il s'agit de partager ses états d'âme, ses prises de conscience , de s'épancher sur son passé , sa part de responsabilité dans l'échec de son couple, les moments où il a raté le coche, ses passions multiples pour la vie de fermier, la pêche à la truite, l'ornithologie...
Tout cela s'enchaîne dans un joyeux désordre, c'est à la fois débridé et par moments profond, médidatif à souhaits. Etrange, non? ....Le style est de bout en bout léger, alerte.

dimanche 13 décembre 2009

LOUP de Nicolas Vanier


Enthousiasmée par le premier FILM de Nicolas Vanier "Le dernier Trappeur", je m'attendais au meilleur pour celui-ci, "LOUP"...ItaliqueQuelle déception!!!...Bien sûr, les images sont superbes, les prouesses techniques évidentes ( N. Vanier a tenu à tourner son film dans des conditions climatiques extrêmes, fidèles à la réalité des lieux...) et on ne manque pas non plus de s' attendrir devant une mère-loup aux petits soins avec ses bébés loups, mais un film , c'est aussi une histoire défendue par des comédiens , or l'histoire est d'une mièvrerie affligeante et le couple de jeunes gens qui transgressent les lois du clan en "apprivoisant " une famille de loups joue faux, ils sont totalement nian-nian, pire qu'une des pires scènes tournées dans la cafette d'une série télévisée... Leur naïveté face aux événements qui surviennent n'a d'égale que la pauvreté des dialogues. On a droit à une série de clichés sur la vie sauvage , la nécessaire harmonie entre les hommes et les animaux, les traditions familiales...
Dans ce film, il manque le SOUFFLE, la force qui habitaient le précédent et peut-être eût-il mieux valu pour N. Vanier faire le choix d'un vrai documentaire sur ce peuple de Sibérie orientale plutôt que d'emmêler une pseudo intrigue dans un festival de vues , par ailleurs splendides.

dimanche 6 décembre 2009

DEPARTURES de Takita Yojiro


RECONCILIATION est le mot-clé de ce FILM totalement inédit , susceptible de réconcilier tout un chacun avec la Mort avec un grand M , mais aussi d'accepter la séparation physique d'avec le corps du défunt grâce aux rites qui l'accompagnent...
Le sujet est traité avec un tact, une douceur et une lenteur tout à fait adéquate. Les personnages se déplacent lentement, chaque geste est accompli avec minutie et pas seulement ceux destinés à la toilette des morts, car il faut dire un mot de l'histoire...Un jeune homme se retrouve, suite à une méprise sur le mot "voyages" , engagé par le patron d'une agence qui préside à l'arrangement du corps ( lavement, maquillage, habillement...). Au début réticent , l'apprenti se familiarise peu à peu avec ce cérémonial , il s'en imprègne et nous découvrons avec lui, l'apaisement, le cadeau parfois offert à la famille.
En effet, suite au rituel, la peine , la révolte des vivants s'adoucit, ils redécouvrent l'être cher autrement et remercient l'officiant pour son savoir-faire. La grâce des gestes accomplis, leur délicatesse est de toute beauté , c'est comme une danse . Les mains caressent le visage, rejoignent les doigts du mort, lissent les plis du dernier vêtement. Devant tant d'attention bienveillante, la famille rassemblée tout autour fond, s'attendrit , un peu comme si de son vivant , la personne n'avait jamais été traitée ainsi, même par eux.
Ce rituel d'accompagnement des morts tel qu'il semble pratiqué au Japon est totalement accessible au spectateur occidental, car le passage obligé par la mort (qui pour un des protagonistes du film est une porte ) est universel, car chacun s'identifie à un être cher qu'il a perdu ou à sa propre mort et ne peut que se réjouir qu'une telle attention soit portée à la personne disparue qu'elle sera un jour!!!...Et donc on ne s'étonnera pas que le film ait remporté l'Oscar du meilleur film étranger 2009 devant "Valse avec Bachir" et "Entre les murs".
En terminant ce texte, je réalise que j'ai omis de mentionner les grands moments de drôlerie, les "couacs" qui surviennent inévitablement dans les instants les plus dramatiques...et donc on rit , on sourit à plusieurs reprises pendant le film. On est en tout cas à mille lieues d'une ambiance lourde ou morbide, ce qui est, avouez-le, une gageure pour un film qui traite de la mort.
OSCAR du meilleur film étranger en 2008.

jeudi 3 décembre 2009

LES CHAUSSURES ITALIENNES DE Henning Mankell

LIVRE
L'auteur suédois nous a habitués à suivre les palpitantes enquêtes du commissaire Kurt Wallander . Cette fois, il s'agit d'un récit plus intimiste dont la figure centrale est un chirurgien à la retraite qui depuis plusieurs années vit isolé sur un îlot de la Baltique et cela suite à une erreur médicale qui l'a brisé. Ce solitaire a créé ses propres rites qui l'aident à survivre dans ce repli volontaire. Un jour d'hiver , une silhouette féminine se dessine sur la glace... Une remontée dans le passé s'engage alors qui va amener notre homme à revenir vers le continent, à renouer avec une histoire d'amour d'il y a 37 ans, surtout à faire la paix avec lui-même...Plusieurs surprises de taille et rencontres en ricochet l'attendent qui font la substance du récit. Les critiques que j'ai lues sont dithyrambiques, elles parlent de grand art, de chef-d'oeuvre....Je ne partage pas cet enthousiasme unanime. Personnellement, je ne suis jamais vraiment entrée dans cette histoire, dès le départ réfrigérante , aux rebondissements improbables voire peu crédibles.... Quelques exemples : ce cordonnier qui fabrique 1 ou 2 paires de chaussures sur mesure par an!!!, les personnages féminins du récit tous proches de la caricature : l'une amputée suite à une erreur accueille des filles en fugue, l'autre , passionnée du Caravage se mobilise pour le sauvetage des grottes de Lascaux... Le récit se termine pratiquement sur l'empoignade brutale, à mes yeux complètement gratuite , qui a lieu entre cet homme et celle qui au cours de l'histoire s'est révélée être sa fille. C'en était trop et j'étais contente de tourner la dernière page
du livre.
Par contre, il faut réinsister sur l'intérêt des différents polars sortis de la plume de Mankell.Deux sont passionnants et incontournables: "La cinquième femme" et " La muraille invisible".